vendredi 3 juillet 2009
LA LEPRE AU MAROC
MARRAKECH - L'HÔPITAL MILITAIRE (PHOTO)
La lèpre (ou maladie de Hansen) est une maladie infectieuse chronique due à Mycobacterium leprae (une bactérie proche de l'agent responsable de la tuberculose identifiée par le Norvégien Gerhard Armauer Hansen en 1873) touchant les nerfs périphériques, la peau et les muqueuses, et provoquant des infirmités sévères. Elle est endémique dans certains pays tropicaux (en particulier d'Asie).
La lèpre fut longtemps incurable et très mutilante, entraînant en 1909, à la demande de la Société de pathologie exotique, « l'exclusion systématique des lépreux » et leur regroupement dans des léproseries comme mesure essentielle de prophylaxie.
Aujourd'hui traitable par les antibiotiques, des efforts de santé publique sont faits pour le traitement des malades, l'équipement en prothèse des sujets guéris, et la prévention.
La lèpre est connue depuis l’Antiquité. Les premières descriptions datent de 600 ans avant J.-C. On la retrouve dans les civilisations antiques en Chine, en Égypte, en Inde. On a d'ailleurs longtemps cru à une origine asiatique ; on pensait qu'elle se serait ensuite répandue par les guerriers d'Alexandre le Grand puis par les Phéniciens et les Romains. Les travaux sur le génome de la bactérie à l'Institut Pasteur (Marc Monnot, Stewart Cole, publiés dans Science le 13 mai 2005 [1]) indiqueraient plutôt une origine est-africaine ou du Moyen-Orient avant d'arriver en Asie et en Europe. Elle serait arrivée en Afrique de l'Ouest avec les explorateurs nord-européens, puis l'esclavage l'aurait disséminée dans les Caraïbes et l'Amérique du Sud.
La Bible contient des passages faisant référence à la « lèpre », à la fois dans le Premier Testament et le Nouveau. On ne peut pas savoir s'il s'agit de la même maladie : ce terme a en effet été utilisé pour de nombreuses maladies de peau d'origine et de gravité très variables. L'ancienne loi israélite faisait obligation aux prêtres de savoir reconnaître la lèpre (Lv 14:1-57). Dans le Nouveau Testament, Jésus guérissait des lépreux.
Les textes les plus anciens en témoignent, la lèpre a toujours représenté une menace, et les lépreux mis au ban de la société, rejetés par leur communauté et leur famille. C’est encore souvent le cas de nos jours.
La lèpre a donné lieu à des mesures de ségrégation et d'exclusion sociale, quelquefois héréditaires, comme dans le cas des Cagots du Sud-ouest de la France. La décroissance de la lèpre en Europe a débuté dès le XVIe siècle sans que l'on aie une explication satisfaisante[2].
En 1873, le Norvégien Armauer Hansen découvre le bacille responsable de cette maladie.
* Ces 20 dernières années plus de 12 millions d'individus ont été guéris de la lèpre.
* Sa prévalence a diminué de 90% et la lèpre a été éradiquée dans 108 des 122 pays touchés.
* La lèpre n’est plus un problème de santé publique mondiale puisque sa prévalence mondiale est actuellement inférieure à 1 cas pour 100 000 habitants.
* Elle demeure un problème de santé publique dans 14 pays d’Afrique et d’Asie (dont l'Inde).
* Le traitement médical pour soigner la lèpre a été découvert par un chercheur du Venezuela.
AU MAROC AUJOURD'HUI
La lèpre existe encore au Maroc. Des dizaines de nouveaux cas apparaissent chaque année. Un seul centre est prévu dans le pays pour les accueillir et quelques centaines de lépreux y sont en cours de traitement", rapporte La Gazette du Maroc. Un hôpital qui manque terriblement de moyens, "ce sont souvent les patients hospitalisés qui s'occupent volontiers de certaines tâches internes." Ainsi, il n'est pas étonnant de trouver dans les 14 pavillons du centre "une femme de ménage, un chauffeur et même une aide-soignante en blouse blanche… atteints de la lèpre."
Ce centre est épaulé par l'Association marocaine d'application agricole et de formation (AMAAF), "une ONG qui a fait du séjour dans le centre une chance de réinsertion sociale pour les malades qui s'y succèdent", précise l'hebdomadaire marocain. En effet, "une convention signée avec le ministère de l'Education nationale permet d'assurer une scolarisation primaire normale aux lépreux de moins de 15 ans et des cours d'alphabétisation aux adultes qui le souhaitent". Pour ces derniers, l'apprentissage d'un métier est également prévu. "Un atelier de menuiserie pour les hommes ; de couture, de broderie et de tapisserie pour les femmes."
Ces activités jouent aussi le rôle d'un travail de rééducation. "Une sorte de kinésithérapie qu'ils exercent par eux-mêmes et qui leur est, en plus, rentable. Broderie, couture et menuiserie font travailler les nerfs des doigts touchés par la lèpre, qui risquent d'être définitivement paralysés par manque ou absence d'activité", explique le Dr Amina Latifi, dermatologue spécialisée en léprologie et directrice du centre.
La Gazette du Maroc souligne par ailleurs les défaillances du ministère de la Santé, qui a évité pendant longtemps "de communiquer sur cette maladie par peur de créer une psychose. Les chiffres officiels sur la lèpre au Maroc n'auraient ainsi été rendus publics que vers la fin des années 1990." Pourtant, la lèpre n'a plus la gravité d'autrefois. De nos jours elle est guérissable. D'ailleurs, selon les statistiques marocaines, le nombre des lépreux apparaît peu élevé et les chiffres vont en diminuant d'année en année, signale le magazine.
"Actuellement, le centre national de léprologie abrite une centaine de malades dont 43 nouveaux cas hospitalisés en 2005 (36 adultes et seulement 7 enfants). En 2004, ce sont 62 malades qui avaient été fichés et l'on espère voir leur nombre diminuer en 2006." Le nombre des malades accueillis dans le centre serait "représentatif des cas de lépreux fichés dans tous le Maroc". L'objectif du ministère de la Santé serait d'éliminer complètement la maladie d'ici à 2010.
SOURCE : www.courrierint.com
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